give me your live for give me money
A quelques-uns l'arrogance tient lieu de grandeur, l'inhumanité de fermeté, et la fourberie d'esprit.



crime n°1 : le souffle lent, irrégulier, inhumain. le buste gonflé, le corps couché, plaqué dans une posture décisive, trop précise. les yeux sombres, alarmés, reptiles ; attentifs au moindre geste. cheveux indomptés, échevelés, l'allure sauvage.  les lèvres entrouvertes, sèches, la respiration de fauve. bouffée d'air frais qui rentre dans les poumons. le cœur battant, insensiblement, effectuant un crescendo ; le bruit martelant ta tête, gonflant tes muscles, les mettant au travail, dans la position ; fusil entre tes mains, puissamment tenu ; gâchette glissant entre tes doigts épuisés, exsudant de l'attention sans relâchement. l'animal est en place, dans les starting-blocks. la proie est repérée, victime d'une traque sans négligence depuis plusieurs années, prête à être exécutée ; environ la cinquantaine, pelade au crâne, yeux effacés, barbe mal rasée, lunettes au monture pauvre, joues dégoulinantes de gras, ventre beurré à la bière et costume bon marché ; personnage grossier, inconscient, attiré par ton piège, tombé entre tes filets. le morceau de viande est entouré des griffes de la nuit, bientôt déchiqueté avec férocité par l’appétit de la mort. l'envie de rire te prend au nez, tes lèvres se plaçant dans un rictus luciférien. et la sonnerie retentit, excitant tes sens eliess, les mettant en éveil, cette sensation que tu aimes, dont tu te lasseras jamais : la chasse est ouverte, il était temps. tu tires enfin, la pression relâchée, la balle parfaitement visée, ton regard assuré : touché, coulé. le corps tombe sous tes yeux, éreinté de son âme montée au ciel. les yeux ouverts, surpris ; le gros porc ne s'attendait pas à crever, mais dans tous les cas, c'est pas ton problème. t'as fait ton job et tu t'es bien amusé, maintenant à toi la liasse de billets. ton père t'as appris à aimer l'argent, et tu ne le remercieras jamais assez pour cela. l'argent c'est la vie, mais prendre une vie pour le gagner, c'est tout-à-fait logique. d'une logique sans précédent à tes yeux, et personne ne pourrait te convaincre du contraire. l'expression, l'argent ne fait pas le bonheur" te fait mourir de rire. la richesse te convient parfaitement au teint, te comblant dans toutes espérances et tes désirs, puis te donnant un sourire resplendissant. tu te fatigueras jamais de ressentir sous tes doigts, la texture lisse des dollars, de les manipuler comme s'ils étaient aussi fragiles qu'un œuf, et surtout d'apprécier leur odeur ancienne, reflétant le vestige de plusieurs générations. l'argent déborde de tes poches, mais tu le gardes précieusement car il est pour toi, la clé de la réussite.


crime n°2 : eliess le rejeté, eliess le regardé. personne n'approchait cet enfant blond, aux visages d'ange et aux yeux bleus perçants, au physique pourtant bien avenant. eliess n'a jamais eu d'amis à l'école, il était toujours seul, le regard divaguant, dans un coin de classe. le métier qu'effectuaient ses parents, n'était en rien pour l'aider, des croque-morts. les rumeurs traînaient sur les sombres rocester, si bien que tous les évitaient autant qu'attisaient leur curiosité. évidemment, eliess n'échappait pas à la règle. et bien que ce genre de gosse aurait pourtant du être source d'une immense moquerie au sein de ses camarades, la tête de turc n'exista point. eliess était tout simplement ignoré, on ne faisait que l'observer de loin et parler discrètement de lui dans l'oreille de son voisin. comme si le gamin ne comprenait pas ce qu'ils se racontaient, foutaise. eliess était assurément le plus intelligent de sa classe. le mal futur, devait déjà se dégager de sa personne alors qu'il n'était encore qu'un gamin innocent. une autre raison de sa solitude, certainement. étrangement, ce gamin innocent n'avait jamais ressenti le besoin d'être entouré, la grotesque impression qu'il se plaisait d'être seul. il s'était vraisemblablement habitué à la solitude et tous avaient sûrement du le remarquer. d'un calme olympien, personne n'avait entendu le son de sa voix. ce n'est qu'un grandissant et prenant petit à petit conscience du milieu dans lequel eliess était né que la parole brandit de ses lèvres.

pendant son enfance personne n'avait réussi à faire sourire eliess, personne n'avait réussi à lui faire décrocher un mot, à part une ; sa sœur jumelle. elle était belle, blonde, physiquement similaire à lui, et avait toujours eu cette grande prestance qu'eliess lui jalousait secrètement. à ses yeux, sa petite sœur tysia, dont le prénom est un paradis sur terre tellement celui-ci le convenait bien, était parfaite. elle n'avait pas le moindre défaut, débordait de qualités et de talents. une seule chose faisait tâche dans le tableau : en rien ses nombreuses qualités, lui étaient utiles dans la famille rocester. alors eliess s'était arrangé de façon à ce qu'une partie d'entre elles ressortent malgré tout. tysia est était un morceau de son âme. la tuer reviendrait à le tuer, lui aussi. il ne serait en mesure de supporter sa mort. elle était tout pour lui, sa moitié, une partie de lui. tysia c'était sa confidente, la seule qui avait pu entendre le timbre mélodieux de sa voix pendant son enfance. eliess n'a jamais su ce que c'était d'aimer, ses parents ne lui avaient jamais inculqué cette notion. il tenait à tysia sans l'aimer. tysia était à lui, elle lui appartenait. il la vénérait comme une déesse tant celle-ci était éblouissante dans son regard. personne n'avait le droit de la lui voler, personne n'avait le droit de la toucher, ni même de poser le regard sur cette divinité. toujours là pour lui, à le réconforter, le tenir dans ses bras au moindre mal, dormant avec lui et lui chuchotant de sa douce voix des paroles agréables. elle était sa bouée de sauvetage et il ne la partageait pas. c'était la sienne et c'est d'ailleurs pourquoi il n'avait jamais réussi à être proche de sa mère. eliess n'avait jamais empêché sa sœur d'avoir des amis, d'avoirs des copains, quand bien même l'envie féroce de les tuer grignotait son estomac. mais son bonheur passait avant le sien, alors il rejetait ses envies de meurtre et regardait son sourire au travers de la fenêtre du manoir. contrairement à eliess, le métier de ses parents n'avaient jamais posé problème à l'entourage de tysia. si bien que quand elle partait retrouver ses amis, eliess était à nouveau confronté à cette solitude. la solitude, sa meilleure amie, sa pire ennemie. elle s’accrochait à lui comme un boulet d'argent et n'avait apparemment aucunement l'envie de se détacher de lui ; c'était sa seule réelle amie en fin de compte.


crime n°3 : des parents, qu'est-ce donc au juste ? eliess l'ignore et n'en a absolument rien à faire. sa mère ? une garce à ses yeux, puisqu'elle n'a aimé que sa sœur jumelle. un favoritisme qui lui passa au travers de la gorge. elle ne l'a jamais dit, mais eliess le sentait. il y avait toujours eu cette chose, cette barrière qui les séparait, les éloignant inévitablement. ils ne s'entendaient pas et n'avaient jamais eu les mêmes idées, les mêmes opinions. en clair, si eliess connaissait ce que c'était d'aimer, sa mère ferait partie de ces gens qu'il détesterait. de plus, cette veille blonde dont il ne pouvait respirer l'air similaire, se permettait par moment d'accaparer sa sœur. la sœur jumelle d'eliess, tysia, sa sœur à lui. rosanne rocester était juste un être humain inintéressant et banal parmi tant d'autres. eliess ne l'aimait pas et il se moquait bien ce qui pouvait lui arriver. sa tendresse mère, mariée à ce gars français pour lequel eliess n'éprouvait rien d'autre qu'une amère animosité, son père. georges rocester, un homme froid, distant. un homme dont le cœur n'existait tout simplement pas, possédant un manque de compassion qui égalisait le sien. un homme qui ressemblait au trait pour trait à eliess, autant physiquement que psychologiquement. si eliess n'était parfois pas pire que lui, au vue de son manque d’intérêt et de discernement pour les choses importantes. c'est son père qui l'a éduqué, lui seul qui lui a donné cette minable éducation dont pourtant, eliess se réjouit aujourd'hui. ce fut également georges qui lui révéla le second métier des rocester ; que la famille rocester était également des tueurs à gages, et ceci depuis plusieurs générations. une révélation qui ne l'avait visiblement pas perturbé le moins du monde, contrairement à sa sœur tysia. et la raison de cet acquiescement à ce sordide métier ? un seul nom, georges. son père lui avait ancré durant toute son enfance, que seul l'argent comptait dans la vie. une leçon de morale qu'il lui avait fait apprendre par cœur tous les jours, sans discernement. alors qu'eliess n'avait que huit ans, son père l'emmena pour la première fois à l’exécution d'un contrat. et bien qu'eliess ne le portait absolument pas dans son cœur, son métier le passionna littéralement. devenant même une obsession, plus que l'argent comptait aux yeux d'eliess, ainsi que le plaisir de tuer pour l'obtenir. son père ne l'avait pas guidé à faire la différence entre le bien et le mal et à cause de ceci, les ténèbres plongèrent inéluctablement sur ses parents.

le jour où eliess reçut le contrat devant ses yeux, son étonnement ne se fit pas grand. quelqu'un demandait qu'il exécute ses propres parents, avec pour récompense à gagner, la plus grosse somme d'argent qu'il n'avait jamais vu. vraisemblablement, l'étendu de la sombre âme que possédait eliess, semblait s'être répandue dans les têtes des plus vicieux de peaks island, au cours des dernières années. l'étiquette du tueur froid, inhumain, ne manquant jamais ses cibles et d'une discrétion absolue, semblait s'être attachée de lui. sa sœur même n'avait pas pu l'aider. gagner de grosses sommes d'argent l’obsédait du matin au soir, et bien qu'aux moments où il se retrouvait dans les bras de tysia, celle-ci lui faisait oublier ses idées noires, dés qu'elle s'échappait pour retrouver ses amis, la solitude venait ravir eliess, et celles-ci revenaient au quart de tour. étant donné qu'eliess ne supportait tout simplement pas ses parents, il ne fut pas surpris que d'autres puissent penser pareil que lui. au début légèrement septique quant à l'idée de les tuer, non pas qu'il ne veuille pas voir leurs têtes explosées, seulement ils pensaient à l'état de sa sœur quand elle apprendrait la nouvelle, il prit finalement la décision la plus juste afin d'inaugurer avec magnitude, la brillante éducation que lui avait donnée son père ainsi que le mauvais choix de sa mère, quant au fait qu'elle est ignorée tout au long de son enfance : l'argent compte plus que la vie : touché, coulé.