pauvreté, misère. les marques rouges sur ses bras sont toujours là. ça l'a démange encore et encore, chaque nuit. ça l'a torture dans son sommeil. ça fait mal. january vit et revit toujours avec ces souvenirs. ces souvenirs sordides qu'elle voudrait oublier. mais c'est ancré dans son âme, putain. c'est gravé au fer rouge sur sa peau, ça lui brûle l'esprit. à la moindre fatigue, les images reviennent comme un film. un film où la fin ne semble jamais vouloir venir. les coups ici et là. les bleus partout et là. ces traces violaces sur son cou et là. ce ventre maigre, ces joues creusées, c'était elle, january helen knight. vulgaire nom de famille auquel elle ne veut plus jamais vouloir à faire. il lui rappelait tout ce qu'elle détestait; sa médiocrité, sa détresse, son enfance pourrie, sa faiblesse, puis surtout sa salope de mère, car c'était bien dans son ventre qu'elle était née. dans son ventre souillé par la corruption, son ventre souillé par la saleté. rien qu'une pute des bas quartiers. ça lui foutait la gerbe rien que de penser à elle. tous les soirs c'était jamais le même. cet argent maudit qu'elle n'utilisait même pas pour nourrir sa fille. cet argent putride, qu'elle utilisait pour survivre dans sa merde, pour se payer sa poudre là. january s'en rappelle, comment elle abusait sa pauvre mère. elle se souvient des goûtes de sang qui tombaient de son nez. mais bien que janu n'était qu'une gosse à cet âge-là, elle se foutait bien que sa mère pouvait crever du jour au lendemain. sa mort la soulagerait peut-être dans le fond. un fardeau en moins. des coups en moins. sa mère ne la voyait pas comme sa fille. sa file était le résultat de sa lâcheté, le symbole de sa vie ratée et bientôt terminée. alors january devenait un tas d'ecchymoses bleutées, une ordure jetée, un punching ball bien abîmé. c'est dans ces moments-là que ça se fissurait chez janu, dans ces moments-là que tout s'assombrissait chez elle. que sa naïveté d'enfant se déchirait, que son innocence s'envolait comme de la poussière au moindre courant d'air. qu'une foutue noirceur venait la posséder. que la pauvreté ne pouvait plus faire partie d'elle. que seul la richesse pouvait l'aider dans ce monde malsain. dans ce monde sordide où le danger régnait et l'immoralité gagnait. une société où l'humanité n'est que blasphème entre les lèvres. des pensées infectées de noirceur pour une gamine qui n'avait à ce moment-là qu'une dizaine d'années, mauvaise maturité. january avait déjà tracé sa propre destiné.

january helen knight, elle portait encore durant ce temps ce nom souillé. entre ces quatre murs fraîchement repeints et cette pièce empestant l'abondance, january savait qu'elle n'avait pas sa place. mais elle comptait bien la prendre, l'adopter au teint, quoique ça lui coûterait. elle était prête à tout pour arriver à ses fins, même du pire. la pauvreté ne devrait être plus qu'un vil souvenir qui s'effacerait de sa mémoire par la suite. elle devait s'élever par tous les moyens, aussi mauvais soient-ils. s'élever en haut de l'échelle sociale, où elle pourrait dominer et dire adieu à ce monde miséreux, poussiéreux qu'elle avait enduré pendant toute son enfance. cruelle enfance. déjà deux années qu'elle bossait ici, par coup de chance, par coup de pouce destin. ça lui changeait des habituels des coups de poing de sa mère plus jeune. elle s'en était tapée des gars avant qu'elle n'arrive ici. elle était devenue comme sa salope de mère finalement; se servir des mecs par nécessité, se servir d'eux pour combler ses besoins financiers. mais contrairement à elle, january le vivait bien, sans aucun problème. elle ne se laissait par pourrir dans la drogue comme la moindre des fèces, pas comme sa génitrice. on lui refilait toute la merde que les autres ne souhaitaient pas faire, putain. toute personne normale se dirait dans son cas, c'était déjà mieux qu'avant, mais ambitieuse qu'elle était, january préférait se balancer que dans quelques années, les rôles s'échangeraient, et c'était une promesse, une promesse de sang. une autre promesse, car comme elle se l'était déjà garantie plus jeune, elle se dresserait. january se hisserait au sommet, au sommet de la fortune, du luxe. de tout ce qu'elle n'avait pas eu la permission de goûter et de savourer délicatement. alors january avait étudié, avait essayé de se rendre érudite, cultivée. elle avait tout simplement tenté d'échapper aux chaines lourdes de médiocrité qui appartenaient à sa pauvre mère. des chaines lourdes qu'elle voulait briser, qu'elle ne souhait plus traîner autour de ses chevilles. ça faisait trop de bruit, on la remarquait. on remarquait son milieu familial dépravé et elle détestait ça. puis un jour, la chance vint toquer à sa porte comme une névrosée. excitée qu'elle n'en pouvait plus, january avait brisé la poignée et foncé comme une guerrière des ténèbres vers le patron de la société pour laquelle elle bossait. l'on avait une chance de cocu si l'on arrivait à prendre l'ascenseur en même temps que lui, mais elle s'en moquait complètement à cet instant. car elle était dans la même pièce que lui, son bosse, son but, sa cible pour arriver à ses fins. loin d'être désagréable physiquement, elle avait tout tenté. le tout pour le tout, elle jouait franc-jeu, que d'ironie. elle lui avait fait son numéro de charme, comme beaucoup d'autres auparavant, et janu avait bien vu dans son regard à quel point celui-ci avait l'habitude de cette ruse. mais january avait plus d'un tour dans son sac comparé à ces blondes écervelées. c'était une ensorceleuse, une sorcière spécialisée dans la saloperie. et c'est ainsi que la persuasion et la manipulation virent le jour dans ce bloc serré de fer. loin d'être bête, january, qui possédait cette curiosité malsaine, avait scruté et espionné les moindres recoins de cette entreprise pour trouver le cœur qui l'alimentait. ses recherches n'avaient pas été vaines et bien heureuse et sournoise fut-elle, lorsqu'elle vit que magouille et escroquerie sustentaient les caisses de la société chandler. chantage, vilain chantage quand tu nous tiens : "et qu'aimeriez-vous me dire richard marcus chandler, quant au trafic d’œuvres d'art qui se déroule sous votre nez ?" pourriture qu'il était, richard alias monsieur le patron lui avait dévoré la bouche quelques secondes après. une scène de plaisir intense qui scandaliserait un saint, s'était reflétée sur les murs de cette ascenseur, déjà bien adsorbé de nombreux secrets et mensonges, quelques minutes après. puis pour concrétiser la jouissance de la fourberie, richard lui avait passé la bague au doigt, pensant business et encore business, quelques mois après. et finement garce et inhumaine qu'elle était, january contacta un tueur à gages qui vint tuer monsieur chandler, quelques années après. l'injustice contre laquelle s'était confrontée son mari, n'était qu'un vulgaire morceau comparé à celle que january avait bouffée et rebouffée pendant sa tendre jeunesse.

january helen chandler, à la tête de la société chandler régalée par le sublime trafique d’œuvres d'art qui s'y déroule en cachette, au siège maintenant placé sur la belle île corrompue qu'est peaks island, january avait tout gagné. de la médiocrité effacée, à ses promesses triomphantes, january avait à présent toutes les clés de son destin en mains et comptait bien écraser tous ceux qui se oseraient se dresser sur son chemin.