the fight inside is breaking me again
it's both a blessing and a curse to feel everything so very deeply

L'heure des devoirs était toujours un supplice. Autant pour Stephan que pour ses parents. S'il te plait Stephan, fais un petit effort.. Le ton désespéré de sa mère n'y changeait rien. Elle le savait, pourtant, qu'elle était à bout, une fois de plus. En général, ses parents l'appelaient par son deuxième prénom, plus féminin. Ils n'utilisaient son premier prénom que lorsqu'ils la grondaient, ou qu'ils désespéraient comme dans le cas présent. Il y avait de quoi, en même temps. Stephan n'avait qu'un petit exercice à faire et pourtant, ça faisait maintenant plus de deux heures que sa mère patientait à ses côtés. Elle était compréhensive, sa mère. Son père aussi, d'ailleurs. Mais par moment, c'était trop. Comme ce soir. Stephan n'arrivait pas à se concentrer plus de dix minutes. Un rien la distrayait. Il y avait d'abord ces oiseaux qui étaient passés près de la fenêtre, puis son frère qui était venu les embrasser pour aller au lit. Il n'avait pas eu ce genre de problème à son âge, lui. Il aurait été de les comparer, mais il n'en était rien. C'était à quel point ses parents étaient géniaux. Malheureusement, Stephan ne voyait pas les choses comme ça. Elle avait tendance à faire une montagne de rien, comme là. Fatiguée de sa journée, mais également que sa mère soit sur son dos depuis plus de deux heures, elle se mit à pleurer. Susceptible ou bien capricieuse ? Si seulement c'était si simple. Elle se voyait souvent qualifier de la sorte, cette petite tête brune. Certains allaient même jusqu'à enfant à problème. Ses instituteurs ont pensé à un TDAH, mais elle ne fut jamais diagnostiquée comme telle. Alors on la jugeait, la petite. Et elle pleurait. Elle s'énervait aussi, beaucoup. Elle pouvait piquer des crises de colère impressionnantes, parfois. Heureusement, ce n'était pas si fréquent à cette période. Heureusement pour ses parents, mais pas pour elle. A cette époque, beaucoup plus timide et renfermée, elle avait tendance à garder beaucoup de choses pour elle. Elle souffrait beaucoup, parfois sans savoir mettre de mot sur ce qu'elle ressentait. Elle ne comprenait pas et n'étant pas la seule. Alors elle pleurait, la plupart du temps en silence.


Les personnes qui pensaient qu'on s'assagissait avec l'âge, ne connaissaient visiblement pas Stephan. Il semblait même qu'elle devenait de pire en pire. Après un redoublement, elle a tant bien que mal réussit à entrer au collège. Ce qui, en soit, n'était pas un exploit pour grand monde. Mais ça l'était pour elle. Pourtant, elle n'était pas fière d'elle, au contraire. Elle se rendait bien compte que la plupart de ses petits camarades réussissaient bien mieux qu'elle et avec tellement plus de facilité. Ça l'énervait, la petite. Elle était même jalouse. Elle aurait voulu rendre ses parents fiers, mais ce n'était pas le cas. Bien sûr, jamais ils ne se seraient permis de lui dire de telles choses, mais elle en était bien consciente. Chaque fin d'année était une épreuve lorsqu'ils attendaient avec angoisse le fameux sésame du passage en classe supérieure. Parfois, on pouvait se demander s'ils ne la faisaient pas passer juste histoire de ne plus l'avoir sur les bras. En classe, elle était plutôt sage, bien que discrète, mais dans la cour, c'était une autre histoire. Les autres enfants avaient rapidement décelé les failles de la jeune fille. Un brin susceptible et caractérielle, elle partait au quart de tour. Ils en profitaient pour la titiller, ce qui ne loupait jamais. Plusieurs fois ses parents ont été appelés par ses professeurs parce que la petite s'était bagarrée. Cependant, depuis plusieurs semaines, elle était comme transformée. Stephan s'était trouvée un petit amoureux. Il n'en savait rien encore, mais elle comptait bien changer les choses. Killian, il s'appelait. Ils n'étaient pas les meilleurs amis du monde, mais il s'était toujours montré très souriant face à la petite. Parfois, il prenait même sa défense. Elle pris ça pour une bonne chose, ce qui lui donna suffisamment confiance pour aller lui parler. Seulement, les choses ne s'étaient pas passées comme prévues. T'es pas une gentille fille. C'était tout ce qu'il avait dit avant de partir, la laissant seule comme elle avait maintenant pris l'habitude de l'être. Elle ne comprenait pas pourquoi il se comportait comme il le faisait s'il ne la trouvait pas gentille. Elle le pris mal, très mal. Après plusieurs minutes sans bouger, elle marcha d'un pas décidé vers lui et envoya son petit poing dans son nez, aussi fort qu'elle avait mal. Bien qu'il n'avait rien de cassé, elle avait tout de même réussi à le faire saigner. Et elle n'était même pas désolée.